Transport du bois Ducerf ou l’art « d’optimiser et de s’adapter en permanence ! »
Ce sont en quelques sortes les aiguilleurs du ciel du Groupe Ducerf… mais leur activité se concentre sur les routes, les rails et les flots. De leur tour de contrôle de Vendenesse-lès-Charolles, en Bourgogne, les membres du service ADV/Logistique gèrent la rotation quasi-continue de camions et de containers transportant les bois Ducerf en direction de la ville voisine, comme de l’autre côté du globe. Zoom sur ce service stratégique qui jongle en permanence avec les modes d’acheminement, leurs coûts et le droit national et international, avec à sa tête, la responsable du transport, Terry Charnaisse Brown.
« L’an dernier 350 containers ont quitté nos plateformes et je ne pourrais même pas compter le nombre de camions. Ça peut aller jusqu’à une trentaine par semaine ! » Ces chiffres à eux seuls illustrent l’activité incessante de la logistique du Groupe Ducerf, dont la plateforme bourguignonne peut prendre des allures de fourmilière certaines fin de mois où le rythme s’accélère. « Notre activité est une succession d’équations à résoudre en soignant chaque paramètre », ajoute Terry Charnaisse Brown, la responsable du transport chez Ducerf. Son service a une responsabilité stratégique dans le fonctionnement de l’entreprise car le transport est aujourd’hui un poste très important de dépense. Pour cela l’organisation et surtout l’optimisation sont élevées au rang de priorité absolue. « Le Groupe Ducerf étant composé de plusieurs entités, 2 personnes s’occupent du transport pour Les Bois Profilés, une chez Bourgogne Bois Industrie, et avec l’équipe export, je gère Ducerf et 2 sites en Haute-Saône et dans la Nièvre, ainsi que tous les échanges entre les différentes sociétés. C’est vraiment un travail d’équipe pour parvenir à ce que tout s’articule correctement », explique Terry de sa voix teintée d’un léger accent canadien.
Toujours des camions mais priorité aux transports alternatifs
Faire parvenir des palettes de bois de 2e transformation, mais surtout des plots de 1re transformation, mesurant plusieurs mètres, à des clients potentiellement à l’autre bout du monde présente forcément des difficultés liées au poids et au volume des chargements. Alors l’optimisation commence par le choix du type de transport :
- Les camions restent aujourd’hui incontournables pour l’acheminement sur le territoire national et européen. Que ce soit des entrées de matières premières ou des envois chez nos clients, en tautliner ou plateau, l’objectif du service logistique est d’évaluer la meilleure société de transport en fonction de la destination et de son rapport service/prix. « Pour cela, depuis 6 ans nous utilisons un panel de transporteurs. Ils sont en permanence évalués et notés. Cela nous assure de l’efficacité dans l’activité, car, il faut le rappeler, nos clients voudraient souvent être livrés le lendemain de leur commande ! » Pour autant, dans un souci de maitrise des coûts, la priorité est au remplissage des camions afin de mutualiser les livraisons dans des secteurs voisins, et également de privilégier au maximum des poids-lourds de 44 tonnes de PTRA (Poids Total Roulant Autorisé), au lieu de 40. Ils font le même nombre de kilomètres mais transportent plus de marchandise, donc utilisent moins de gazole au mètre cube. « Ce choix est également dicté par notre démarche de développement durable, précise Terry Charnaisse Brown. Ducerf est d’ailleurs labellisé Partenaire Chargeur Propre. Et nous privilégions au maximum des types de transport alternatifs. »
- C’est le cas du rail qui se développe en Europe, et même vers la Chine avec une ligne baptisée la "nouvelle route de la soie". « Mais en Bourgogne, nous sommes un peu oubliés pour ce qui est du ferroviaire. » L’autre transport propre privilégié, c’est la barge. Les containers Ducerf sont prioritairement envoyés par voie fluviale, via Lyon, en direction du port de Fos-sur-Mer. Ces containers sont ensuite embarqués sur les navires, direction l’international.
Pour le grand export, c’est la 1re transformation qui est très majoritaire, même si depuis l’an dernier la 2e transformation se développe de plus en plus.
Hétérogénéité du droit international et manque de camions en France…
Pour le service logistique, le transport à l’international impose une veille méticuleuse et permanente de l’évolution de la réglementation douanière, des exigences phytosanitaires, d’emballage ou des normes en vigueur dans chaque pays. « Par exemple, en Australie, aucune trace d’écorce n’est admise à l’entrée du pays. Autre cas particulier, en Angleterre le chargement sur les 2 essieux avant d’un véhicule ne doit pas dépasser 12 tonnes… Appliquer toutes ces règles est une très grosse organisation, mais on est plusieurs à y travailler ! »
La langue est aussi est un problème : « il faut faire avec les nombreuses nationalités des chauffeurs, heureusement beaucoup d’entre eux parlent un peu anglais, reprend Terry. Mais le plus compliqué ce sont les conséquences de la Loi Macron sur le cabotage* et le détachement des chauffeurs étrangers. On est depuis le début l’année dans une situation très préoccupante de manque de camions. C’est particulièrement le cas dans le Sud-Est et la Bretagne, où il y a peu de retour. » En effet, les sociétés françaises de transport, qui sortent doucement d’une crise liée à la concurrence d’autres pays, profitent d’un retour de l’activité. Problème, de nombreux postes de conducteurs poids-lourds sont non-pourvus actuellement en France à cause du manque d’attractivité du métier, et cela à un fort impact. « Au jeu de l’offre et de la demande, certains transporteurs nous ont déjà annoncé des augmentations de prix importantes au 1er janvier ! » Un coup dur pour les industriels. Et un pas de plus qui pourrait bien accélérer le mouvement de la robotisation dans cette profession qui, d’ici les 20 prochaines années, n’échappera pas au développement des véhicules autonomes…
On le voit, la gestion du transport dans un groupe à la dimension internationale demande un grand sens de l’adaptabilité et de la communication. Et Terry Charnaisse Brown n’en manque pas… « C’est vrai que je suis en contact avec énormément de personnes : transporteurs, chauffeurs, clients, collègues, etc. C’est ce qui rend le métier enrichissant au sein du Groupe Ducerf. C’est très stimulant d’avancer en équipe pour, sans cesse, de trouver des solutions. Un challenge quotidien ! »
* Selon l'amendement relatif à la Loi Macron : "désormais, tout conducteur qui effectue des opérations de cabotage, à l'occasion d'un transport international, bénéficiera des règles sociales et du salaire minimum en vigueur en France dans les secteurs concernés". 28 nov. 2016