Sylvain Hardy, avec YD-WOODS© : «amener à découvrir la beauté du bois et de la nature avec un œil nouveau, pour mieux la respecter »
Nous sommes allés rencontrer Sylvain Hardy, dans l’atelier de son entreprise Ydrah à Avignon à la découverte de la nouveauté YD-WOODS©.
Quelles sont les racines de votre parcours professionnel et artistique ?
Sylvain Hardy : Avant tout, j’entretiens un lien fort et particulier avec la nature. Je suis issu d’une famille bretonne de grossistes en fleurs, cependant lors de mes études, je me suis orienté vers l’électronique où j’ai débuté ma carrière professionnelle au sein de grands groupes du secteur. L’électronique a contribué à développer chez moi une vision systémique inhérente à ce domaine. Toutefois, j’avais l’intime conviction que j’allais faire autre chose car je dessinais souvent comme pour matérialiser à travers des traits et des courbes la part de créativité que j’avais en moi. Je concevais beaucoup de mises en scène de végétaux, alors nous avons eu l’idée avec ma sœur fleuriste, de créer un magasin de fleurs. Mon impulsion était guidée par la volonté d’inviter la nature dans les intérieurs. Le premier pas de cette approche était l’agencement, puis l’envie d’explorer une matière plus pérenne, une matière moins éphémère, plus durable et intemporelle. C’est pourquoi j’ai décidé de travailler le bois.
La nature, les courbes, les ombres pour inspiration
Comment avez-vous commencé à travailler le matériau ?
Sylvain Hardy : Je me suis d’abord focalisé sur le tonneau en bois en cherchant à le transformer pour recycler cet objet de toutes les manières possibles. Au fur et à mesure, l’envie grandissait d’explorer des essences différentes, puis de travailler les formes, les matières… En 2012, j’ai professionnalisé ma démarche en passant un CAP, mais pas en ébénisterie où je n’aurais travaillé que le bois et de façon très traditionnelle, j’ai préféré celui de la construction navale. Un choix forcément à la marge et anticonformiste mais qui m’a permis de maîtriser le matériau, les résines et les techniques de 3D. Au cœur de cette formation, il y avait une ouverture beaucoup plus large en matière de conception. A la suite de cela, j’ai fait la rencontre d’un ébéniste avec lequel je collabore toujours, et parallèlement, j’ai réalisé une première sculpture. Pour les professionnels ébénistes, ce n’était qu’un passe-temps mais lorsque je la présentais aux gens, l'accueil était enthousiaste, ils trouvaient cela beau. C’était le début de mes collages…
Qu’est-ce qui vous a guidé vers le concept YD-WOODS© ?
Sylvain Hardy : Une amie artiste crée des œuvres en posant en équilibre des galets, ce qu’on appelle du Stone Balancing. C’est un art, et même une philosophie, basé sur la nature et la patience. J’y ai puisé une partie de mon inspiration. Avec le bois, j’ai voulu faire une extrusion des contours pour travailler aussi sur des équilibres. Selon l’angle d’éclairage, on obtenait des choses vraiment différentes. C’est le point de départ d’YD-WOODS©. Dans la continuité d’YD-WOODS©, j’ai collaboré avec le graffeur Goddog : en réalisant une grosse pièce d’un mètre de diamètre qui permettait de faire ressortir son graff du mur, de l’extruder et créer une 3e dimension, et même une 4e avec les ombres portées. En voyant les résultats, j’ai réalisé qu’il y aurait une vraie originalité à le reproduire sous forme panneaux. C’est ainsi qu’est né le concept YD-WOODS©.
« Le bois est un trait d’union entre l’Homme et la Nature »
Qu’est-ce qu’il exprime pour vous ?
Sylvain Hardy : Ma motivation première n’est pas l’innovation à tout prix, mais l’ouverture au monde. Je souhaite contribuer à changer le regard de chacun sur la nature. En la faisant entrer dans le quotidien des gens, je voudrais faire prendre conscience qu’il est impératif de conserver ce lien que l’on tend à perdre avec le progrès technologique. Avec sa richesse exceptionnelle, le bois est un parfait trait d’union et le design est une passerelle. Quoi de mieux que d’amener dans un logement un élément esthétique, ludique et graphique. Les personnes y sont sensibles et recherchent cela. Ils sont amenés à revoir la nature d’une manière différente.
Justement quelle est la réaction des gens qui découvrent le produit ?
Sylvain Hardy : De manière générale l’accueil est extrêmement positif. Ils le trouvent très graphique et moderne. J’ai de nombreuses demandes de particuliers sur du mobilier, des sculptures, du mix avec du design végétal ou d’autres matériaux. Avec l’inox, la couleur noir, par exemple, l'association marche très bien. D’un matériau qui n’est pas noble à la base, on parvient à quelque chose de très subtile et raffiné…
Quels sont les applications et débouchés de ce matériau ?
Sylvain Hardy : Ce sera essentiellement de l’agencement intérieur. YD-WOODS© N°1 est un matériau de choix et écologique surtout pour les prescripteurs, les architectes d’intérieur, les agenceurs et les ébénistes. Il est présenté aussi à des banques de matériaux, dont l’une, Material District, est tournée vers l’international. Cela fonctionne très bien. Nous avons déjà reçu une trentaine de demandes issues de cabinets d’architectes et de designers. De nombreuses agences en France et à travers le monde (Londres, New York, Los Angeles, Amsterdam, Inde, Belgique...) sont intéressées. L’un des grands avantages du produit est que toutes les faces sont exploitables. Le groupe Nike et des écoles de design nous ont également sollicité pour des échantillons. Je suis toujours à la recherche de nouvelles idées et créer de nouveaux designs pour développer cette gamme de panneaux graphiques et découvrir peut-être d’autres débouchés !